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Grands ou petits : des rêves déterminants

Cette partie de mon site a pour objectif de présenter des rêves qui ont joué un rôle prépondérant dans la vie du rêveur et ont entraîné des conséquences indéniables dans sa vie, voire dans le monde extérieur.

 

Voici un rêve étrange et très ancien qu’il est intéressant de connaître. Il fut reçu il y a environ 1700 ans par celui qui devint un des plus grands pères de l’Eglise.

Rêves et trahison

La trahison de saint Jérôme

Saint Jérôme est connu comme un des Docteurs de l’Église et son œuvre exerça une influence prépondérante. Il fit beaucoup pour répandre le mouvement monastique et l’ascétisme, et le cadeau monumental qu’il fit à l’église fut de traduire la Bible en latin, traduction qu’on appela la Vulgate.

Jérôme naquit en 347 après Jésus-Christ dans une riche famille chrétienne. Il fit de solides études à Rome, était très épris de culture classique et connaissait tous les grands écrivains latins dont il s’était constitué une magnifique bibliothèque. Il commença une carrière littéraire et forma avec ses amis un groupe qui s’orientait vers la vie monastique.

Cependant il faut souligner que cet homme se trouvait entre deux cultures, entre la culture latine et la culture chrétienne. Il manifestait un zèle incontestable pour les philosophes et les orateurs latins et vouait une grande admiration à Cicéron ; en revanche, la Bible lui paraissait un livre brutal et grossier en comparaison du raffinement intellectuel et culturel prestigieux qui caractérisait les philosophes, les écrivains, les orateurs et les poètes latins.

Ce fut alors que sa vie fut totalement bouleversée par un rêve.

A cette époque, il se trouvait à Antioche où, au cours d’une grave maladie, il reçut un rêve terrible qu’il raconta dans une de ses lettres.


Tu mens !



Je fus soudain emporté en esprit et traîné devant le trône du jugement du Juge. Et là, la lumière était si brillante, ceux qui se tenaient à l’entour étaient si radieux que je me jetai à terre sans pouvoir regarder. On me demanda qui j’étais et je répondis : « Je suis chrétien. ». Mais celui qui présidait répliqua : « Tu mens, tu es un disciple de Cicéron et non du Christ. Car là où est ton trésor, là se trouve aussi ton cœur. ». Sur l’instant je devins muet. Il ordonna que je sois fouetté et, en recevant les coups de fouet, je fus torturé plus terriblement encore par le feu de la conscience. Je pensai en moi même à la parole : « Qui va me faire grâce quand je suis au fond de la tombe ? ».
A cause de tout cela je me mis à pleurer et à me lamenter, m’écriant : « Aie pitié de moi, Ô Seigneur, aie pitié de moi à cause de ma jeunesse. ». Mes cris se firent entendre même à travers les coups de fouet. A la fin, tous ceux qui se trouvaient là tombèrent à genoux devant Celui qui présidait et Le supplièrent d’avoir pitié de ma jeunesse et de me donner encore du temps pour me repentir de mes erreurs. Ils insistèrent en disant qu’Il pourrait m’infliger un supplice si jamais je me remettais à lire les œuvres des païens.
J’en fis donc le serment et j’invoquai son nom par ces mots : « Seigneur, ce serait te renier, si jamais je me trouvais de nouveau en possession de livres de ce monde, ou si jamais j’en lisais. ».
Je fus congédié après avoir fait ce serment, je retournai dans le monde d’en haut,
et, à la surprise générale, quand j’ouvris les yeux, ils étaient si rempli de larmes
que même les plus incrédules furent convaincus de ma détresse…
Je professe que mes épaules étaient devenues bleu-noir, que je sentis les coups encore longtemps après mon réveil et que depuis lors j’ai lu les livres de Dieu avec plus de zèle que je n’en avais mis pour lire les livres des hommes.

Flagellation de Notre Seigneur Jésus-Christ, de William Bouguereau (1880)


Peu après, Jérôme se rendit au désert en ermite puis il poursuivit sa vie dans l’étude et traduisit la Bible en latin. 

On ne saurait passer sous silence que certaines de ses traductions réservent d'énormes surprises et l'on se demande si la terrible expérience de son rêve ne l'aurait pas amené à falsifier les textes d'origine.

Regardons en effet :

Dans le livre du Lévitique on peut lire dans le texte hébreu au chapitre 19, verset 26, l’ordre suivant : « Vous ne mangerez rien avec du sang, vous n’observerez ni les serpents ni les nuages pour en tirer des pronostics. ».

Jérôme a traduit : « Vous ne mangerez rien avec le sang. Vous ne consulterez point les augures, et vous n’observerez pas les rêves. ».

Où est-il question des rêves dans le texte original ? Jérôme les a introduits à côté des oracles pour les interdire.


Python noir


Au livre du Deutéronome, chapitre 18, verset 10, on lit dans le texte hébreu :
« Qu’on ne trouve chez toi personne pour consulter les oracles, pratiquer l’incantation, la divination, les enchantements et les charmes, interroger les revenants et les esprits ou consulter les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel. ».
Jérôme là encore a traduit :
« …Qu’il ne se trouve personne qui interroge des devins, et qui observe les rêves et les augures, ni qui use de maléfices, ni qui soit enchanteur, ni qui consulte ceux qui consultent les esprits de pythons et les devins ou qui demandent aux morts la vérité. ».
Comme dans le livre du Lévitique le texte hébreu ici est falsifié et l’expression : consulter les oracles est traduite par : observer les rêves et les augures.


Ainsi, quand, de son côté, l’écrivain biblique condamne les oracles, Saint Jérôme, lui, fait l’amalgame avec les rêves, les rajoute dans le texte alors que personne n’en parle, jetant ainsi sur eux une condamnation qui entraîne leur rejet. Et cette confusion est bien un fait encore aujourd’hui où les rêves sont considérés par beaucoup comme une démarche ésotérique plus ou moins sulfureuse. N’ai je pas entendu dire par des gens bien pensants, par des pasteurs protestants, que le rêve était diabolique, ou que j’étais une sorcière ?


Affresco dell'Inferno (détail), de Giovanni da Modena (c. 1410)



Que s’est-il passé avec saint Jérôme ? Aurait-il gardé un effroi ineffaçable de son rêve terrible ? Serait-ce pour cette raison qu’il aurait rejeté les rêves en bloc, parce que le sien lui était insupportable ? Cherchait-il à se justifier de rejeter son rêve en le traitant comme une mancie païenne condamnée par la Bible ?
Quoiqu’il en soit, il demeure le fait exact et vérifiable qu’il a falsifié les textes et condamné volontairement le rêve, alors que la Bible ne le fait pas. Au contraire, la Bible est remplie de récits de rêves où Dieu parle à l'hommme, ce que Jérôme savait pertinemment, puisqu’il les a traduits.
C’est ainsi que pour des siècles à venir, les rêves qui se trouvaient au centre de la vie spirituelle ont été ravalés d’un coup au rang de vulgaire mancie, au rang de toutes les pratiques interdites par les prophètes, parce que ces mancies détournent de Dieu. Mais c'est justement dans les rêves que la divinité parle à l'homme !
C’est ce que Carl Gustav Jung a rappelé dans les dernières lignes qu’il a écrites à la fin de sa vie, après avoir interprété plus de 80.000 rêves : « Nous avons oublié ce fait de notoriété millénaire que Dieu parle surtout dans les rêves et dans les visions. Voilà pourquoi l’on se plaint de façon générale que Dieu ne parle plus aux hommes comme il le faisait autrefois…ON NE L’ECOUTE PLUS ! ».


Quand va-t-on alors écouter les rêves à nouveau ?

Rêve et prophétie

Voici un rêve qu’une rêveuse reçut en 1992, il y a plus de 25 ans. La rêveuse, qui s’intéressait aux rêves, faisait preuve, d’un côté, d’ouverture d’esprit à l’égard du monde intérieur et de l’autre se montrait très hésitante, voire récalcitrante. Un rêve vint alors l’encourager à poursuivre sa recherche en lui dévoilant la perspective de l’avenir.

 Et le rêve sera reconnu

Le prophète



Dans son rêve la rêveuse assiste à une conférence sur la santé ou plutôt, le sujet de la conférence est intitulé : "Comment soigner les maladies de la société moderne et en particulier le sida".
Notre rêveuse écoute la conférence et tout d’un coup une voix prend la parole et dit :
« Dans un avenir assez proche
– et la rêveuse dans son rêve sait qu’il s’agit d’une période de vingt à trente ans –, dans un avenir assez proche, dit la voix, le rêve sera une très bonne thérapie pour soigner les maladies de la société moderne. »
La voix prend une pause et ajoute :
« Il sera même une excellente thérapie. »
Et là, la voix s’élève et proclame avec force :
« Et il sera reconnu ! »

Ce rêve prémonitoire annonce la réalisation à laquelle nous sommes, pour les uns, en train d’assister, pour les autres, en train de participer et d’œuvrer. On recommence à écouter les rêves.


Rêve et thérapie

« Il sera une excellente thérapie »

Voici maintenant un exemple actuel de la façon dont le rêve exerce sa fonction thérapeutique. Le rêve suivant pose un diagnostic et indique le moyen de guérir. A l’aide d’un exemple tout à fait banal, nous allons vérifier ce que Jung lui-même a constaté et souligné : « Les rêves peuvent quelquefois annoncer certaines situations bien avant qu’elles ne se produisent. Ce n’est pas nécessairement un miracle ou une prophétie. Beaucoup de crises dans notre vie ont une longue histoire inconsciente. Nous nous acheminons vers elle pas à pas, sans nous rendre compte du danger qui s’accumule. Mais ce qui échappe à notre conscience est souvent perçu par l’inconscient qui peut nous transmettre l’information au moyen du rêve. »


Le rêve prévient d’une maladie qui menace

Voyons maintenant un exemple qui montre que le rêve, bien avant que le conscient ne le constate, est au courant d’une maladie qui menace. Il vient indiquer le danger au rêveur et la façon de l’éviter. Ce rêve a été reçu par une jeune femme mariée, mère de deux enfants en bas âge. Elle est très douce, très tendre et aimante ; elle cherche à entretenir et garder une atmosphère paisible et sans conflits dans sa vie quotidienne. Elle se montre infiniment patiente et compréhensive, serviable et disponible, elle est un amour. 

Elle reçoit ce rêve :

Le T-shirt rouge

Still Life with Grapes and Glass of Wine, de George Forster2 (1878)

Je me trouve avec Laurent et je lui dis que je cherche à porter du rose, je cherche un T-shirt rose. Il me répond : « Ah non ! Ce n’est pas du rose que tu dois mettre, c’est du rouge. ». Et comme je ne suis pas du tout d’accord avec lui, je m’écrie : « Du rouge ? Quelle horreur ! Non, je n’en porterai pas ! ». A ce moment là, la terre commence à trembler, et c’est le tremblement de terre. Je vois des nuages menaçants qui s’amoncellent, le ciel devient tout noir. Je sors, je cours dehors et je vois que les immeubles commencent à s’écrouler ; c’est la vraie catastrophe.

Voici l'analyse du rêve, élaborée à partir des associations de la rêveuse.


La rêveuse est avec Laurent, un copain plein de bon sens. Il expose le point de vue de la sagesse : porter un T-shirt rouge.

Le T-shirt se porte sur le haut du corps : la poitrine, le cœur, les poumons, le ventre.

- Il recouvre le coeur, il évoque par là la vie érotique et l'attitude maternelle.

- Le T-shirt recouvre les poumons, il s’agit de l’air qu’on respire. Le T-shirt désigne alors les idées, les idéaux qui sous-tendent les choix et les actions de la rêveuse pour qui « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil »,

- Avec le T-shirt sur l'estomac et le ventre, il est question de la façon dont la rêveuse digère, assimile les expériences de la vie : le rêve lui parle de ses ressentis profonds, de ses émotions qui sont intelligentes.

Le T-shirt évoque donc la vie affective, spirituelle et émotionelle.

Elle veut mettre du rose

C’est la couleur de l’amour tendre. La jeune femme veut donner et faire régner partout cette qualité d’amour et de don de soi. Mais celui qui est sage en elle s’insurge et conseille le rouge.

Le rouge

C’est la couleur du sang, de l’instinct, de l’émotion forte, de la force, de la colère, de la passion, du danger et aussi de la blessure. C’est aussi la couleur du feu rouge qui dit stop.

 

Que veut dire le rêve ?

Il conseille à notre rêveuse de renoncer à ses tendres idéaux et de modifier son attitude devant la vie ; il l'invite à se montrer plus instinctive, à laisser s'exprimer ses vives émotions et ses ressentis qu'elle juge négatifs.

 Le rose est la couleur de la petite fille ignorante de la vie qui vit dans l’illusion et la mièvrerie, qui croit qu’avec de la gentillesse on parvient toujours à faire régner la paix.

 Le rouge est la couleur de la femme qui respecte son ressenti viscéral, instinctif, elle capable d’exprimer son émotion, sa colère, sa passion, capable d'affronter les obstacles et de se battre pour défendre son point de vue au lieu de se montrer trop tolérante et conciliante, ce qui la rend finalement faible et lâche.


Ainsi, selon le rêve, cette douce jeune femme devrait se montrer plus ferme, plus dure, voire cassante, sévère, exigeante, sans concession. Il lui faudrait exprimer sa colère pour marquer aux autres les limites, leur dire stop, au lieu de supporter leur abus. Il lui faudrait vivre avec passion, plus intensément. Mais la jeune femme refuse catégoriquement : le rouge ? « Quelle horreur ! Non ! dit-elle, je n’en porterai jamais. ». Elle tient à garder son idéal de douceur et de gentillesse.

 

Que se passe-t-il à ce moment là ?

C’est le tremblement de terre, les immeubles s’écroulent, le ciel devient tout noir, c’est la catastrophe.

 Les immeubles désignent désignent la vie dans une société civilisée.

Le ciel représente le monde de la pensée.

Le noir est la couleur de la mort, de l’obscurité. 

Le ciel noir annonce des tempêtes dans la tête, des pensées tourmentées, des idées mortifères ; la dépression s’installe avec des idées de suicide. Et la jeune femme a déjà vécu des épisodes de ce genre.

 

En conclusion, que dit le rêve ?

Ainsi, le rêve vient aider à corriger un comportement destructeur.

- Il pose le diagnostic et dénonce le mal : le T-shirt rose.

- Il indique le traitement : le T-shirt rouge.

- Il montre les conséquences du refus du traitement qui amènerait la dépression et la catastrophe.

Si la rêveuse refuse de changer de comportement, elle va tout droit à la dépression, elle sera affligée d’idées noires et destructrices, toute sa vie familiale et sociale s’écroulera.


Conséquences

Ce rêve a secoué cette jeune femme et lui a fait comprendre combien son comportement était dangereux. Il a attiré son attention sur les conséquences néfastes de son attitude, dont elle n'avait aucune conscience.

La jeune femme a accepté alors progressivement de vivre des affrontements, des conflits, de savoir dire non, de se montrer plus exigeante et plus dure. Elle est devenue plus forte et s’est sentie en meilleure forme, plus heureuse de vivre parce qu’elle était respectée et avait sa place, prenait le droit de penser à elle au lieu de croire qu’elle devait tout supporter pour assurer la paix dans son entourage.

Ces images très simples venues au secours de la rêveuse ont exercé un effet salutaire : elles lui ont permis de prendre conscience du décalage qui régnait entre sa vie consciente et ses réactions inconscientes. Le rêve a ainsi exercé sa bienfaisante fonction thérapeutique. 

Jung a très justement souligné : « Pour sauvegarder la stabilité mentale et même la santé physiologique, il faut que la conscience et l’inconscient soient intégralement reliés afin d’évoluer parallèlement. ».

 Et c'est bien le rêve qui permet ce lien entre le conscient et l’inconscient.


Rêve et religion

« Nul n’est guéri s’il na retrouvé une position religieuse »

Cette parole de Carl Gustav Jung ne doit pas être mal comprise. Par position religieuse, Jung ne désigne pas un attachement à un culte extérieur, à une religion instituée, quel que soit son nom.

Comme le disaient les anciens dans l’Antiquité et comme le montre l’expérience avec les rêves, l’âme possède naturellement une fonction religieuse. L’âme produit naturellement des images de la divinité.

Ces images décrivent des facteurs inconnaissables en soi et elles invitent à leur contemplation, à leur prise de conscience. Chaque être possède ainsi en lui même une relation personnelle avec la force divine qui l’habite, mais il en a souvent perdu le contact et n’en fait pas ou ne veut pas en faire l’expérience.

Comme le montre encore l’expérience avec les rêves, les rêves rétablissent cette relation intérieure naturelle, ils sont à la base de l’expérience religieuse naturelle, personnelle, autonome.

« Celui, qui ne sait pas cela par expérience personnelle n’a pas la moindre idée de ce qu’est la religion et encore moins de ce qu’est l’éducation des hommes. » (C.G. Jung)

Cette « position religieuse » à laquelle les rêves conduisent est une position de contemplation intérieure qui met en relation avec la divinité. Elle redonne à l’être humain sa dignité, celle de se connaître comme un être sacré, elle rend à l’âme sa dignité, « la dignité d’une entité à laquelle il est donné d’être consciente d’une relation avec la divinité » (C.G. Jung). Je ne me lasserai jamais de le répéter.

 

Voyons maintenant ce qu'en dit un petit rêve prosaïque et insignifiant, qui ne présente apparemment aucun intérêt.

L’horloger

L’horloger est celui qui fabrique, entretient, répare, vend des instruments, des horloges, des montres, des réveils qui montrent l’heure. Pour bien comprendre le symbolisme de l’horloger, il convient tout d’abord d’examiner le symbolisme de l’instrument qu’il fabrique. 

L'horloge et le temps



L'horloge permet à tout un chacun de vivre en suivant le rythme cosmique, le temps fixé par l’alternance des jours et des nuits. Elle marque le temps qui passe, du début du jour à la fin de la nuit, de la naissance à la mort. Par ailleurs, suivre ce rythme règle la vie des humains et rend possible la coordination de leurs activités.
L’horloge marque le temps par l’alternance de son mouvement, le tic tac incessant. Ce battement entraîne l’association avec les battements du cœur, la diastole et la systole, et avec le rythme respiratoire de l’inspiration et de l’expiration, qui marquent eux aussi la vie humaine.

Le fabriquant de l’horloge, l’horloger apparaît alors dans toutes ses implications et son symbolisme prend une dimension universelle. L’horloger est le créateur et le maître du cosmos et du temps, de l’homme, de la vie et de la mort. L’horloger des rêves pourrait bien désigner le créateur, celui que Voltaire appelait « le divin horloger ».

 

Voici le rêve d’Elsa. Elle vient me consulter pour un tout petit rêve, qui cependant l’intrigue beaucoup et lui laisse une impression profonde.

Que devient le fils de l’horloger ?

Je me trouve à côté d’un homme qui a l’air un peu paumé. Il a sur la tête un chapeau sans forme, un bob, comme les jeunes aujourd’hui en portent en été. Il engage la conversation avec une femme que je ne vois pas et ils se demandent mutuellement des nouvelles. Puis l’homme parle d’une tierce personne, que la femme ne semble pas connaître, et l’homme lui rappelle : « Vous savez, c’est le fils de l’horloger. ».

Elsa s’est réveillée tout d’un coup, interloquée.

 

Interprétation

Je me trouve à côté d'un homme

Dans les rêves de la femme, l’homme représente la façon dont elle s'affirme dans la vie extérieure, selon ses conceptions et ses actions ; l’homme du rêve décrit son côté créatif, actif, battant.


Il a l'air un peu paumé

Cet homme est ici un peu perdu, égaré. L’image invite donc la rêveuse à prendre conscience qu’elle n’arrive pas à se situer tout à fait correctement dans la vie et ne sait pas bien comment vivre son côté masculin, créatif, actif battant. Le rêve en indique la raison :

Cet homme porte sur la tête un chapeau sans forme, un bob, comme les jeunes d'aujourd'hui en portent l'été

Le chapeau symbolise le style des pensées qui sont dans la tête. Le bob est une coiffure de toile que portent les jeunes pour se protéger du soleil ou être à la mode. Il s’agit donc d’une façon de se protéger d’un intellectualisme desséchant. Mais ces conceptions à la mode manquent d’une certaine maturité. Elles ne sont valables qu’avec le beau temps, quand la vie est facile. Elles ne servent à rien quand les conditions de vie sont pénibles, douloureuses, quand pleuvent les soucis et les contrariétés. Ces conceptions, à la mode actuellement, n’offrent aucune protection le jour où la vie se montre dans son aspect sombre et tourmenté, quand il faut supporter et traverser l’épreuve.

L’homme engage la conversation avec une femme que je ne vois pas

La femme représente les qualités d'écoute de la vie intérieure, d’intuition. Mais Elsa n’a pas conscience de cette vie intérieure, puisqu’elle ne connaît pas cette femme. 

Ils se demandent des nouvelles 

La rêveuse est en quête de changement. Que se passe-t-il de nouveau en elle, que deviennent des gens, des potentiels, des facettes d’elle-même qui ont joué un rôle dans sa vie autrefois, et qu’elle a perdus de vue ? 

Que sont devenus les amis d’Elsa dans sa vie intérieure ? Aurait-elle eu un ami ?


Puis l'homme parle d'une tierce personne que la femme ne semble pas connaître et lui rappelle : Vous savez, c’est le fils de l’horloger

La rêveuse trouve tout de suite le sens de l’horloger : pour elle, le rêve lui parle du créateur, du divin. Le fils de l’horloger ne peut désigner alors que le Christ, le fils de Dieu. Dans le rêve, la femme, la facette en elle qui est réceptive et écoute, est censée connaître le Christ, mais elle l’a oublié, et l’homme vient lui en rappeler l'existence.

 

Ce rêve tout simple, ces images quelconques, prosaïques, quotidiennes, renferment en fait un message vital. La rêveuse n’a plus conscience de la manière dont la divinité se manifeste dans le monde, dans son âme, elle n’a plus conscience de son lien personnel avec la divinité, représentée par l’image du Christ, le Christ à l’intérieur d’elle. Elle a même oublié qu’elle le connaissait. 

Mais le rêve vient lui rappeler qu’il existe toujours, qu’il est présent dans son âme. 

Qu’est-il devenu ? Il est temps pour elle de se le demander.


Mais pourquoi le rêve choisit-il l’expression « le fils de l’horloger » ? Il aurait pu dire le fils de la vierge, ou le fils de la servante, ou le fils de l’homme. 

L’horloger est lié à la notion du temps. Le rêve suggère ainsi que le temps passe, et qu’il est temps maintenant pour la rêveuse de reprendre contact avec la force intérieure qui l’habite, avec le Christ qui n’a pas pris sa place dans sa vie alors que c’est le destin de son âme. 

 

Attention

C’est avec un rêve comme celui-ci que l’on comprend toute la vérité de cette parole antique : « Anima naturaliter christiana », « L’âme est naturellement chrétienne ».

L’âme occidentale est marquée par l’image du Christ, elle en est empreinte, elle porte en elle cette empreinte, ce type, ou ce que Jung a aussi appelé l’archétype. L’occidental, qu’il le veuille ou non, porte en lui, dans son inconscient, une image de la divinité qui se présente sous la forme du Christ. C’est là un fait que l’on constate empiriquement dans les rêves. Ce n’est pas une idée, une théorie ou un dogme. C’est un fait objectif.

Ce qui existe au delà de l’image, ce dont l’image n’est que le reflet, nul ne le sait, nul ne peut le dire. La seule chose dont on puisse parler, c’est de l’image qui apparaît dans les rêves, ou dans les visions éveillées. On ne peut rien dire de la divinité en soi. On peut seulement parler de l’image avec laquelle elle apparaît dans l’âme.

La rêveuse avec ce rêve se voit rappeler la réalité de l’image du Christ dans son âme, et le temps est venu pour elle de s’interroger sur le sens de cette image, le sens de la présence du Christ, de la manifestation, de l’incarnation de la divinité dans sa vie à elle.
Cette recherche l’amènera à approfondir ses conceptions de la vie et à changer de chapeau. Alors son côté masculin, créatif, actif et battant ne sera plus "paumé". Et la rêveuse dans son âme aura retrouvé sa dignité et son sens, encore une fois celui d’« une entité à laquelle il est donné d’être consciente d’être en relation avec la divinité ».

James Patrick Caviezel dans La Passion du Christ de Mel Gibson

© Christiane Riedel